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5 questions à Olivier Connan, le métronome des Nuits

Fin juillet, les Nuits Secrètes placeront une fois de plus Aulnoye-Aymeries dans une autre galaxie. Aux manettes depuis les débuts du festival, Olivier Connan entame cette édition avec toujours la même énergie ! Découvrons un peu plus celui qui, chaque été, vous fait vivre une expérience singulière.

Vous êtes le fondateur et directeur du Festival des Nuits Secrètes. Pour ceux qui ne vous connaissent pas ou peu, pourriez-vous vous présenter ?

« J’ai grandi à Aulnoye-Aymeries, vécu à Maubeuge, Feignies, Eclaibes. Après un BTS Audiovisuel, j’ai bossé dans les cinémas du coin, à Maubeuge, Aulnoye-Aymeries et Jeumont notamment. À l’époque, dans les années 1992-1995, je m’occupais de la programmation art et essai et de la médiation scolaire. Plus jeune, j’étais aussi beaucoup attiré par la musique. À cette période d’ailleurs, j’ai fait un peu d’émissions de radio et j’ai monté Bougez Rock à Aulnoye–Aymeries, une association qui existe toujours d’ailleurs. C’était l’époque Jack Lang et les débuts de la fête de la musique en France, ce qui a lancé une certaine dynamique et faciliter la création d’asso. C’est à ce moment-là que j’ai découvert l’organisation de manifestations et de concerts. À titre perso, je ne pensais pas à en faire mon métier.

Au fil des expériences, je suis devenu directeur du service culturel de la Communauté de Communes du Val de Sambre (ancienne Agglomération) dans les années 2000. Avec mon équipe, nous travaillions beaucoup dans les secteurs ruraux et auprès des jeunes. Ça a été aussi le début des soutiens apportés aux associations du coin comme Le Manège, Idem+Arts… D’ailleurs à l’époque, la CCVS a reçu le 1er prix de l’innovation culturelle pour ce travail, une distinction remise par le ministère de la culture et l’Assemblée des communautés de France. Au niveau local, ça été une prise de conscience que la culture pouvait être un élément moteur en termes d’image. C’est vrai que l’Avesnois a parfois un complexe d’infériorité mais nous n’avons rien à envier aux autres territoires. Il existe de nombreux éléments distinctifs positifs au niveau de la culture mais aussi de l’environnement, du cadre de vie. Je le dis souvent mais j’ai grandi ici et on y grandit bien ! Sinon en dehors du territoire, j’ai également dirigé la capitale régionale de la culture Béthune 2011 et participé à l’ouverture du Louvre Lens ou encore de la région des Musées. »

Comment est né le festival et pourquoi avoir choisi Aulnoye-Aymeries pour le lancer ?

« Il y a eu mon parcours mais aussi une volonté de l’équipe municipale d’Aulnoye-Aymeries de rajeunir Les Estivales, un rendez-vous populaire déjà existant dans la commune. C’est dans ce cadre que j’ai été contacté en 2001 pour reprendre les rênes du rendez-vous étant donné que j’étais déjà un peu connu comme organisateur d’événements musicaux.

Je me suis entouré de quelques personnes du coin et j’ai commencé à proposer mes idées et à construire un concept. L’idée : vivre dehors, la nuit et en ville. Je trouvais que c’était un sujet intéressant à développer. Je voulais aussi jouer sur le secret et promouvoir le charme de l’Avesnois avec toute sa ruralité et son côté assez romantique ; d’où l’idée des parcours pour faire découvrir ce qu’il y a de plus beau dans le coin. Enfin, je souhaitais avoir des formats assez différents avec des rendez-vous où vous pouvez communier avec 15 000 personnes autour d’un grand concert, d’une grande scène, dans quelque chose de très démonstratif avec beaucoup d’énergie… et une heure plus tard, se retrouver dans une situation beaucoup plus intime et sur mesure où l’on peut quasiment toucher l’artiste. La première année, l’événement est resté « Les estivales » pour pouvoir faire le lien avec l’ancien nom mais il est devenu « Nuits Secrètes dès l’année suivante pour être au plus près de ce qu’on proposait. Aussi, c’est qui était intéressant dans le fait d’organiser un festival à Aulnoye-Aymeries, c’est qu’il s’agit d’une commune dans laquelle le lien social est très fort, avec une vieille tradition associative et c’était rassurant de pouvoir s’appuyer là-dessus. »

Du côté des coulisses, comment montez-vous la programmation et dans quel esprit ? 

« Ce qu’il est important de dire, c’est que l’enjeu a changé aujourd’hui. Avant, il y avait un réel enjeu d’accès à la musique. Aujourd’hui, avec Youtube et Spotify, tout le monde en écoute. Le problème, c’est que tout le monde écoute la même chose. Quand on monte la programmation, notre objectif c’est la diversité pour pousser les gens à ne pas écouter que les modèles dominants. Alors bien sûr, on va chercher des têtes d’affiche parce que les gens ont envie de les voir et que ça créé de grands moments. C’est pour ça que cette année, on aura -M-, qu’on a d’ailleurs mis 18 ans à faire venir, Roméo Elvis ou Nekfeu… Derrière, il y a aussi tout un travail de découvertes à réaliser et pas seulement sur les concerts d’ailleurs. Avant chaque festival, la question que nous nous posons c’est : Qu’est-ce qu’on va faire vivre au public cette année ? Car l’important c’est l’expérience. C’est pour ça que notre réflexion se porte évidemment sur les artistes qu’on va montrer mais aussi sur tout ce qu’il y a autour. La question de l’hébergement ou de la restauration par exemple sont importantes et font parties de l’expérience globale du festivalier.

Au niveau de l’esprit, on travaille avec l’équipe en gardant toujours en tête que l’on organise une fête pour les gens. C’est quand même cool comme métier non ? (rires) On essaye d’avoir une prog’ branchée et de faire découvrir des choses au public mais il faut que ça reste avant tout un rendez-vous festif, léger, convivial et de qualité. »

Au niveau de l’équipe justement, à combien êtes-vous pour monter le festival ?

« Aux Nuits Secrètes, nous sommes 5 personnes permanentes. Bien sûr nous ne sommes pas seuls et nous nous appuyons beaucoup sur les bénévoles. Au cumul, nous pouvons atteindre jusqu’à 1 000 personnes ! Et évidemment, lorsque l’on organise un tel événement, tous les coups de main sont les bienvenus et il y a de quoi faire ; que ce soit avant, pendant ou après le festival. Ce qui est drôle d’ailleurs, c’est que de plus en plus de personnes nous proposent leurs services spontanément pour réaliser des missions ponctuelles. C’est intéressant de pouvoir rencontrer des personnes de tout horizon et d’échanger avec eux. Monter un festival, c’est avant tout une aventure humaine »

Pour finir, pouvez-vous nous dire pourquoi il ne faudra surtout pas louper cette édition 2019 ?

« Je vous dirais simplement de nous faire confiance et de vous laisser guider par la programmation. Chakras ouverts, profitez de l’expérience dans sa globalité : musicale, culinaire et surtout humaine parce qu’en festival, on fait toujours de belles rencontres ! »